Plume aventurière

Plume aventurière

L'Amour, la pomme ou la pêche.

S'il est un sentiment,peche 1.jpgune passion aussi dangereuse que douce, qui attire irrésistiblement les individus les uns vers les autres, vous conviendrez avec moi que c'est ce que nous nommons Amour. Pour le matérialiser ou bien encore en parler, on plonge dans cet organe vital qui est le coeur. Il est aussi symbolisé par la pomme bien rouge qui, du moins, reste assez explicite comme on le verra plus loin. La place qu'elle occupe (oui je dis bien "elle" car il fut un temps où ce mot était féminin), dans le coeur des Hommes lui a valu la création de divinités: Vénus et Cupidon, souvent ensemble d'ailleurs dans la mythologie. La colombe, autre accompagnatrice de Vénus, représente naturellement ce même Amour. Quant à Cupidon, divinité symbolisée par un enfant ailé qui décoche ses flèches pour les planter habilement dans les coeurs et y semer ce sentiment, il vient, avec les autres divinités, présenter l'Amour comme un sentiment supérieur. Il nous est étranger,  du moins dans cette vision, nous transcende, d'où les effets tétanisants qu'il exerce sur nous. Ici, il n'est guère question de définir l'Amour ou de prodiguer quelques conseils, tel un expert. Je viens donc matérialiser ce sentiment comme une pêche. j'expliquerai en quoi, selon ma vision, ce fruit représenterait mieux l'Amour dans ses manifestions que la traditionnelle et séculaire image de la pomme. Mais avant, un petit détour est nécessaire.

D'où est-ce que je tire ma légitimité pour parler de ce sentiment d'ailleurs? Avoir vécu un peu plus d'un quart de siècle me permet-il de parler de l'Amour? Comme je le disais, ce sentiment est si répandu dans les coeurs qu'il m'inspire cette allégorie qui suit: Cupidon aurait, non pas décoché des flèches, mais semé cette graine dans l'organe vital de chaque individu qui vient au monde. Cette graine suit un processus naturel jusqu'à la maturité. Sinon, comment expliquer ce premier amour qu'on a pour nos géniteurs? A chaque étape correspond une autre manifestation de l'amour qui est adressé à un autre individu toujours suivant l'orientation de l'arbre de l'amour qui pousse dans nos entrailles. Fermons cette parenthèse.

Ce phénomène si répandu a fini par attirer toute forme de pensée. Philosophes, sociologues, biologistes, littéraires, j'en passe, ont essayé de l'expliquer selon leur démarche respective. La question est de savoir si la rationalité, telle que la conçoivent ces formes de la pensée, est efficace pour comprendre ce sentiment dont les émanations proviennent du cœur hostile à ces modèles de penser et de sentir les choses. La frontière est bien marquée; il n'est guère de hasard si ce qui provient du cœur contraste avec ce qui est produit par l'intellect. On a beau essayé d'intellectualiser l'Amour, cette démarche nous met toujours devant une évidente incompatibilité. "le cœur a ses raisons que la raison ne peut pas comprendre", nous dit Blaise Pascal dans ses Pensées pour insister sur la particularité de son foyer et des mécanismes de ce sentiment. On n'analyse l'Amour que par rapport à ses propres expériences. Pour être en phase avec une personne qui nous expose ses problèmes sentimentaux, il est donc nécessaire de penser par le cœur, de plonger dans son foyer.

Revenons à l'objectif de cet article. La représentation de l'Amour par la pomme rouge cerne bien quelques manifestions de ce sentiment. L'Amour est passion! Et cette couleur vive matérialisant cette passion suggère aussi l'idée d'une flamme incandescente qui consume délicieusement les individus pris dans les branches de l'arbre qui pousse dans le cœur de l'autre. La dégustation d'une pomme affole les papilles en alternant entre l'acide et le sucré qui occasionne, par moment, la production d'enzymes que la bouche ne peut plus contenir. N'est-ce pas là les turbulences et soubresauts de l'amour? Dans ses feux, quand il nous prend dans ses branches, l'Amour nous promène constamment dans le labyrinthe de la joie, du bonheur et de l'allégresse, mais aussi du désenchantement, de l'amertume et des tribulations. Amoureux (se), nous avons toujours l'impression de flotter dans des cieux lointains qui nous apaisent et nous bercent. On brûle délicieusement et langoureusement dans ce foyer. Mais il serait très idyllique et très réducteur d'interpréter l'acide et le sucré de la pomme comme ses seules manifestations. Quel dommage aussi que l'Amour ne soit pas que ça, me dira-t-on? L'Amour est aussi violence. Il nous fait mal; c'est parfois une torture d'aimer, un danger, car on s'y expose. Autant il peut nous rendre plus fort, autant il peut nous affaiblir. Ces flammes peuvent nous être aussi douces que périlleuses; elles peuvent nous consumer dans la douceur comme dans la douleur. L'Amour est fourbe. Il peut nous faire planer dans des cieux magiques pour nous replonger dans les abysses de la détresse. Contradictoirement, c'est là toute sa magie, toute sa particularité. Sans cette violence, on ne serait pas épris de l'Amour, me semble-t-il.  La pomme serait-elle aussi délicieuse si on lui reprenait ce goût acide? Évidemment que non. Le caractère passionnel, propre à l'amour, est  donc essentiel à ce sentiment pour garder sa forme supérieure. 

Nous entretenons donc un rapport assez particulier avec ce sentiment qui nous dote d'une représentation idéale jamais atteinte. C'est cet aspect qui manque dans la métaphore de la pomme. A notre appréciation, la pomme est lacunaire à ce niveau. 

Il semblerait qu'un autre fruit soit plus approprié; il s'agit de la pêche. Par ces couleurs (rouge vif et jaune voire orange), elle renvoie mieux à la flamme  qui nous consume. Son interprétation gustative peut se rapprocher, avec quelque contraste, de celle de la pomme. Elle a en son centre un noyau qui peut manifester cet idéal tant désiré, mais qui reste inaccessible, hors d'atteinte. Ce noyau envelopperait l'essence de cette quête sempiternelle de l'amour. Et sa consistance nous rappelle tristement qu'il est difficile de le pénétrer. Aurions-nous qu'un avant goût de l'Amour? Au fond de nous, nous l'appréhendons à travers ses manifestations secondaires et extérieures au noyau. L'intérêt donc de cette nouvelle représentation réside dans une nouvelle vision de l'Amour comme quête d'un idéal deviné, perçu qu'on cherche à atteindre. L'Amour devient alors le moteur d'une vie. Ses secrets restent bien gardés dans ce noyau que l'Homme veut pénétrer pour vivre ce sentiment dans sa plénitude. L'Amour, c'est le projet de toute une vie, c'est notre saint Graal. Partons à sa conquête!

 

                                                                                                                                                                                                                                                                      La plume aventurière.

 



19/10/2013
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